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Une thérapie en immersion virtuelle

Publié le 23 janvier 2019 — 5 Min de lecture

SOMMAIRE

    Immersion en réalité virtuelle

    Se retrouver, grâce à un casque 3D, dans une situation provoquant habituellement des sueurs froides, voire de la panique ? C’est le dispositif proposé par la thérapie par réalité virtuelle, ou TRV. L’immersion, bien que fictive, a valeur d’entraînement à une confrontation au réel. La réalité virtuelle étant capable de recréer n’importe quel environnement, la plupart des phobies peuvent être potentiellement traitées. Ce protocole, issu du monde militaire, traite essentiellement les troubles alimentaires, les anxiétés ou les addictions. L’utilisation de la réalité virtuelle pour soigner des troubles psychiques semble de plus en plus intéresser les thérapeutes. Quand phobies ou addictions paralysent, le virtuel vient à point au secours du réel.

    Jeux vidéo et neurosciences au service de la thérapie

    Le principe d’exposition à une situation pour se déconditionner de la phobie qui lui est associée n’est pas nouveau. C’est même l’un des piliers des thérapies comportementales et cognitives. La réalité virtuelle améliore la qualité de l’immersion et offre la possibilité de doser l’exposition à la situation, rendant l’expérience moins brutale pour le patient. Pour un même scénario (par exemple la peur de l’avion), le thérapeute peut choisir la situation (embarquement, atterrissage, turbulences, etc.) et «rejouer» le moment jusqu’à obtention de résultats.


    Images virtuelles, traitement réel

    L’essor de la TRV est aussi lié aux avancées des neuro sciences. «Le patient sait que c’est faux. Mais le cerveau “croit” à ce qu’il est en train de faire», résume Alexandra Rivière-Lecart, psychologue. Les connexions neuronales sont donc au rendez-vous, mais cela suffit-il ? «Le mot thérapie implique un travail de fond, nuance la thérapeute. On ne peut pas distinguer la phobie de l’ensemble des troubles d’un patient. Il ne faut pas perdre de vue que les causes sont multifactorielles, et une simple exposition à un contexte virtuel n’évite pas un travail plus en profondeur. On parle ici d’un minimum de quatre mois à deux ans en moyenne.»

    Une thérapie virtuelle possible à différents endroits

    La TRV fait désormais partie des soins hospitaliers, comme au CHU de la Conception, à Marseille.
    «L’offre se démocratise, précise Éric Malbos, psychiatre. Grâce aux casques de réalité virtuelle, les patients auront les outils pour poursuivre le traitement à la maison.» Quid des effets à long terme et des contre-indications ? Selon le praticien, «la contre-indication majeure concerne les épileptiques photosensibles, en raison des fréquences de balayage de l’image. Nous avons désormais vingt-six ans de recul (les premiers essais remontent à 1992) et des analyses démontrant l’efficacité clinique. Quelques précautions doivent être prises avant une exposition à un environnement virtuel : séance de relaxation, essais du casque, etc., afin d’éviter le cyber sickness(1)». Et les champs d’application s’élargissent. Entre recherches pour traiter la schizophrénie, ou utilisation dans le traitement de la douleur, le virtuel n’a pas fi ni de leurrer notre cerveau.

    (1)Une sorte de mal de mer lié au dispositif

    La thérapie virtuelle en un chiffre

    13

    C'est le nombre de CHU équipés en thérapie par réalité virtuelle (TRV) en France.

    Source : www.C2care, 2018.

    3 questions à…

    Dr Éric Malbos MD, PhD(1), psychiatre spécialiste du traitement en réalité virtuelle(2).


    À qui s’adresse la TRV ?

    À un public très large : mes patients ont entre 16 et 82 ans. La thérapie par réalité virtuelle permet de traiter des troubles variés : anxiétés, stress posttraumatique, mais aussi addictions, troubles alimentaires…

    Comment se déroule le traitement ?

    Il n’y a jamais d’exposition d’emblée, ce serait traumatisant. Il faut d’abord aider le patient à cerner son problème, à en dénouer les origines, mais aussi lui apprendre des techniques de relaxation qui l’aideront à gérer ses réactions face à la peur. Tout se fait par étape. Le traitement dure entre 10 et 12 séances, à raison d’une fois par semaine. Ensuite – et c’est l’originalité de la TRV –, le patient mettra en pratique, en quelque sorte, ce qu’il a appris. Il s’agit, en bref, de modifi er la réponse comportementale.


    La TRV remplace-t-elle d’autres techniques, comme l’hypnose ?

    Je n’utilise pas l’hypnose, mais je combine méditation et relaxation. Cela fonctionne très bien, car la réalité virtuelle permet d’être immergé très rapidement dans un environnement apaisant. Certains psychanalystes, comme Rodolphe Oppenheimer, intègrent ainsi la TRV à leur pratique.


    (1) Medicine Doctor (doctorat en médecine) - Philosophiæ Doctor (doctorat de recherche scientifique).
    (2) Service hospitalo-universitaire de psychiatrie adultes du Pr Christophe Lançon, CHU Conception, Marseille.

    L’EMDR, UNE VALEUR SÛRE

    La TRV ne remplace pas l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing ou désensibilisation par mouvements oculaires, en français), mais s’inscrit à ses côtés dans l’arsenal des thérapies comportementales et cognitives. L'EMDR a fait ses preuves dans le traitement des états de stress post-traumatique, de phobies, d’addictions ou de dépressions. Les personnes supportant mal la réalité virtuelle peuvent faire appel à cette technique.

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