Une séance d’aquagym, du tir à l’arc, des cours de basket ou du cyclisme… les quelque 57 000 médecins traitants de France peuvent désormais prescrire des séances de sport aux patients qui souffrent d’une affection de longue durée (ALD), conséquence d’un décret paru en janvier 2017 et entré en application en mars dernier. Environ 10 millions de personnes souffrant, entre autres, de diabète, de la maladie d’Alzheimer, de Parkinson, d’un cancer, de sclérose en plaques (SEP), ou des suites d’un AVC, sont ainsi concernées.
Sport : des bienfaits incontestés
L’objectif est d’encourager le sport, dont les bénéfices ont été mis en lumière par de nombreuses études et enquêtes : des exercices physiques réguliers aident à lutter efficacement contre les différentes formes de maladies chroniques – diabète, cholestérol, maladies cardiaques. Par ailleurs, ils limitent les récidives de cancers du sein, du colon ou de la prostate, et donnent aux patients l’équilibre nécessaire à la guérison ou, au minimum, les accompagnent dans leur maladie. Une étude* menée auprès de patients souffrant d’un cancer a montré que, en dépit de la fatigue liée aux traitements, les personnes qui s’adonnent à une activité sportive citent, en tête des bénéfices, l’amélioration de la qualité de vie (99 %).
Quel sport pour quelle pathologie ?
Nul sport n’est, a priori, à écarter. Sous l’impulsion d’Alain Calmat, médecin et ancien ministre délégué à la Jeunesse et aux Sports, 160 professionnels représentant toutes les disciplines, travaillent depuis cinq ans à recenser les bienfaits de tel ou tel sport sur différentes pathologies. Ces informations seront bientôt consignées dans un « Vidal du sport » auquel les médecins pourront se référer. Ainsi, la boxe, l’escrime ou l’aviron auraient une réelle efficacité dans le traitement des suites opératoires des cancers du sein. On conseille aussi le rugby à 5 aux seniors atteints d’Alzheimer, et le cyclisme aux diabétiques.
Ces prescriptions sont, bien sûr, à adapter à chaque patient. Comme le souligne Alain Calmat : « Si vous demandez à une diabétique en surpoids d’aller à la piscine, il y a toutes les chances que ce soit un échec. En revanche, si elle se régale en jouant au basket, cela peut devenir une habitude de vie. »
Kinés, coaches sportifs, centres de santé ?
La Direction générale de la santé (DGS) a mis à disposition des médecins des ordonnances types, et les agences régionales ont constitué des listes recensant les éducateurs et les formateurs spécialisés, habilités à dispenser ces activités physiques.
Masseurs kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens et professionnels titulaires d’un diplôme d’activité physique adaptée sont à même de suivre les patients, une fois le bilan complet effectué par le médecin traitant.
Sport sur ordonnance : qui va payer ?
Le remboursement des activités physiques « sur ordonnance » n’est pas prévu par l’Assurance maladie. Valérie Fourneyron, qui a initié la mesure en 2012 lorsqu’elle était ministre des Sports, explique : « Cela ne peut pas être pris en charge par la Sécurité sociale, car ce n’est pas un acte coté. C’est difficile de dire : “Une leçon de tennis adaptée vaut une consultation à 23 euros”. »
Résultat, il faudra probablement se tourner vers les mutuelles, associations de malades et collectivités locales pour trouver des sources de financement.
Sport prescrit : déjà testé dans plusieurs villes
Durant cinq ans, le dispositif a été expérimenté dans une quarantaine de villes pilotes comme Toulouse, Biarritz et Strasbourg. Dans la capitale alsacienne, les séances sont gratuites la première année. Le système repose ensuite sur une tarification solidaire, en fonction des revenus, à laquelle participent différents acteurs locaux. À Biarritz, où le médecin généraliste Guillaume Barucq, auteur de l'ouvrage Surf thérapie, n’hésite pas à prescrire du sport de glisse à ses patients, les activités physiques sont financées par la ville et des partenaires privés.
Quel que soit le mode de financement retenu sur tout le territoire, ce dispositif est un pas de plus vers la reconnaissance du sport comme un allié de poids contre la maladie. En marge des traitements médicamenteux et de l’arsenal thérapeutique dont peut déjà bénéficier tout patient, le sport-santé s’inscrit aussi pleinement dans la voie de la médecine préventive, pour un mieux-être durable, à la fois physique et émotionnel.
3 questions à…
Docteur Alexandre Feltz, adjoint au maire de Strasbourg en charge de la santé publique
Strasbourg a été désignée ville pilote dès 2012…
En effet, Strasbourg a servi de référence. Il est assez rare qu’une expérience territoriale permette ainsi de déboucher sur une loi. Environ 320 médecins généralistes peuvent prescrire à leurs patients une activité physique, et 1 500 personnes en ont déjà bénéficié à ce jour.
Quel bilan faites-vous cinq ans plus tard ?
Le bilan médical fait à Strasbourg corrobore toutes les études scientifiques existantes. L’activité physique améliore l’état de santé des malades et leur permet de réduire leur traitement. Le bilan social n’est pas négligeable non plus. Le sociologue William Gasparini a démontré que l’activité physique aide les malades à sortir de leur isolement et à retrouver une place dans la société. Je coordonne les 40 « villes santé » qui existent aujourd’hui, et le bilan est similaire partout sur le territoire. C’est d’ailleurs pour ça que la loi a été promulguée !
Quid de l’étendue de cette mesure à tout le territoire ?
C’est une avancée majeure, bien sûr. Nous sommes le seul pays européen à avoir inscrit dans la loi la prescription du sport-santé pour les malades. Toutefois, la question du financement par la Sécurité sociale reste en débat.
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* Enquête commandée par la Fédération nationale CAMI Sport & Cancer effectuée en 2015 auprès de 1 554 patients et de 894 soignants, dont 41 % d’oncologues.