Patch : un pancréas artificiel sous la peau
Chez les diabétiques, le corps ne produit plus assez d’insuline car les cellules du pancréas qui produisent cette hormone sont détruites. Conséquence : le taux de sucre dans le sang monte.
Des chercheurs(1) proposent donc d’encapsuler ces cellules productrices d’insuline dans un patch à placer sous la peau grâce à une petite incision. L’originalité ? Le support est recouvert d’alginate, un extrait d’algue marine qui permet au sucre ou à l’insuline de circuler mais empêche le système immunitaire du patient d’attaquer les précieuses cellules. Pas besoin donc de médicaments immunosuppresseurs pour éviter le rejet !
Patch : greffer des cellules cardiaques
Les cellules souches – qui peuvent potentiellement se transformer et se spécialiser en presque n’importe quelle autre cellule – n’en finissent pas de faire rêver. Des chercheurs(2) ont par exemple tenté d’injecter des cellules cardiaques obtenues grâce à cette méthode afin qu’elles colonisent un cœur abîmé et le « réparent ». Problème : les multiples injections blessent l’organe et la pression énorme exercée sur les cellules dans l’aiguille lors de l’injection les abîme et diminue leur viabilité.
Des chercheurs ont donc placé ces cellules dans un patch qu’ils posent ensuite directement sur le cœur. Résultat : les cellules se diffusent en douceur et s’intègrent mieux au cœur malade.
Patch : massage cardiaque réussi ?
BodyCap, une société caennaise, travaille à la création d’un patch qui contiendrait un capteur de quelques microns (0,001 millimètre) d’épaisseur très sensible aux déformations. Il permettrait lorsqu’il est posé sur la carotide, l’artère qui irrigue notre cerveau, de détecter le flux sanguin et de mesurer l’onde de pouls, un paramètre utile dans différentes maladies cardiaques. Autre application possible : il permettrait de vérifier si un massage cardiaque est efficace chez une personne qui a fait un arrêt cardiaque. Comment ? En mesurant si le sang circule bien jusqu’au cerveau, et donc si celui-ci est bien irrigué en attendant les secours.
Des vaccins faciles grâce au patch
Un australien, Mark Kendal, a mis au point un patch – qui mesure seulement 1cm2 – composé de 20.000 nano-aiguilles enduites de vaccin. L’avantage ? Comme les « aiguilles » sont très petites, elles n’atteignent pas la partie innervée de la peau et n’occasionnent pas de douleur. Mais ce n’est pas tout ! Contrairement au vaccin traditionnel, ce patch résiste à des conditions climatiques difficiles et est plus facile à conserver – pas besoin de frigos par exemple – et à transporter. Il pourrait donc faciliter la vaccination dans les zones pauvres et/ou difficilement accessibles du globe.
Un patch, plusieurs médicaments
Le RHEPatchTM, un timbre transdermique intelligent, pourrait changer à moyen terme la donne pour les personnes souffrant de maladies chroniques. Son avantage ? Il permet de contrôler précisément les dosages mais également le moment où un traitement est administré et pendant combien de temps. Autre atout : il pourrait embarquer jusqu’à 7 médicaments, un plus indéniable pour les patients souffrant de pathologies lourdes et qui doivent prendre plusieurs traitements.
Patchs : des pistes en pagaille
Quelques autres pistes explorées grâce à l’utilisation de patchs.
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Des études testent l’efficacité de patchs d’œstrogènes dans le cadre du cancer de la prostate avancé.
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Un patch également en cours de test permettrait en diffusant de petites quantités d’allergènes d’insensibiliser progressivement la personne et pourrait être efficace contre l’allergie aux arachides…
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Certains patchs pourraient permettre d’analyser la sueur et d’y détecter des particules. Ce qui pourrait s’avérer utile pour vérifier qu’un patient a bien pris son traitement par exemple ou pour en vérifier le dosage.
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Sources
Merci au Pr Antoine Coquerel, Professeur des universités-Praticien hospitalier et chef du service de pharmacologie du CHU de Caen, au (1) Pr Pierre Gianello, Professeur de chirurgie à l'Université catholique de Louvain (UCL) à Bruxelles, à (2) Michel Puceat, Directeur de recherche INSERM, spécialisé en Physiopathologie du développement cardiaque à l’Université d’Aix-Marseille, au Pr Zhen Gu, chercheur à l’Université de Caroline du Nord, à Marion Sausse Lhernould, chercheuse sur le projet ReMAID à l’Université Libre de Bruxelles, et à Fabrice Verjus, docteur en physique électronique et Président de BodyCap.