Neuropathies : des nerfs endommagés par le diabète
Si le diabète n'est pas suffisamment équilibré par le traitement, la quantité de sucre dans le sang peut rester trop élevée sur le long terme. Cette glycémie excessive endommage – entre autres - les nerfs qui véhiculent les influx nerveux moteurs, sensitifs, et sensoriels. Par exemple, les nerfs adressent au cerveau des « messages » sur ce que notre corps perçoit du monde extérieur : sons, contacts, température, douleur…
Les nerfs les plus à risque sont les plus longs, ceux qui parcourent les jambes jusqu'aux pieds. On parle alors de polyneuropathie diabétique distale, ou de neuropathie périphérique. Elle touche entre 10 et 25 % des personnes diabétiques.
Quels sont les symptômes de la neuropathie diabétique périphérique ?
Dans le cas d’une neuropathie diabétique, les nerfs endommagés ne conduisent plus correctement les messages ; certains arrivent « trop fort » au cerveau, d'autres plus du tout. En résultent des symptômes divers et parfois paradoxaux :
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sensations de brûlure,
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douleurs,
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fourmillements,
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hypersensibilité (le moindre contact est douloureux),
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mais aussi diminution de la sensibilité (on ne sent pas bien le sol même quand on marche pieds nus, par exemple).
D’autres symptômes qui ne relèvent pas de la sensibilité peuvent survenir, comme l'instabilité à la marche.
Pour dépister les troubles de sensibilité superficielle au niveau des pieds, le médecin réalise un examen clinique et un test au monofilament (instrument utilisé pour déterminer la sensibilité cutané). Dans des cas particuliers, un électromyogramme permet de mesurer l'activité nerveuse des muscles.
Neuropathies diabétiques : pas seulement les jambes et les pieds
Les neuropathies liées au diabète peuvent aussi toucher d'autres nerfs que ceux des pieds ou des mollets, comme des nerfs qui vont vers des organes :
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estomac (pesanteur abdominale, nausée et vomissement)
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tube digestif (diarrhée et constipation)
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vessie (envie fréquente d’uriner)
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organes sexuels (impuissance ou troubles de l'érection)
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cœur (troubles du rythme cardiaque ou de la pression artérielle : chute de tension au lever ou hypotension orthostatique).
D'une façon générale, la neuropathie rend moins efficace la perception de la douleur, et pas seulement au toucher. Il est possible, par exemple, que le patient diabétique ressente moins les symptômes d’une hypoglycémie, d’une angine de poitrine ou ceux d'une gingivite.
Les traitements de la neuropathie diabétique
Les douleurs d'origine nerveuse ne sont pas faciles à traiter : les antidouleurs traditionnels comme le paracétamol ou les anti-inflammatoires ne fonctionnent pas. Il y a cependant des solutions, à chercher du côté des antidépresseurs ou des antiépileptiques.
Mais le plus important est bien sûr de prévenir la neuropathie diabétique, ou d'empêcher son évolution. Pour cela, l'équilibre de la glycémie est capital. En effet, au tout début de l’atteinte des nerfs, si l’équilibre du diabète s’améliore, on peut assister à une récupération de la fonction des nerfs. C'est pourquoi il est conseillé à tous les diabétiques de consulter régulièrement leur médecin traitant et le plus rapidement possible en cas de signe de neuropathie (sensations anormales, diminution de la sensibilité à la douleur…).
Diminuer les conséquences des neuropathies diabétiques
Adapter son style de vie peut aider à diminuer la gêne liée aux neuropathies :
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adapter les repas en cas de troubles de la digestion,
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se rendre aux toilettes souvent si la neuropathie fait que l'on ne ressent plus bien le besoin d'uriner,
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se lever lentement et progressivement en cas d'hypotension orthostatique,
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etc.
Par ailleurs, la neuropathie diabétique rend indispensable une surveillance très vigilante de la santé des pieds. En effet, les patients qui ressentent moins la douleur percevront moins les petites blessures qui peuvent être fréquentes au niveau des pieds, comme des ampoules ou des cors. Or ces atteintes guérissent plus difficilement en cas de diabète. Il est donc capital de soigner rapidement et efficacement les pieds avant que leur état ne s'aggrave. Rappelons que le diabète est en cause chaque année dans plusieurs milliers d'amputations.
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Sources
Merci au Pr Laurence Kessler, endocrinologue au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Strasbourg.