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Immunothérapie : une nouvelle arme anticancer

Publié le 12 mars 2018 — 5 Min de lecture

SOMMAIRE

    Deux bébés de onze et seize mois, atteints d’une forme aiguë de leucémie*, soignés par immunothérapie. Un patient atteint d’une forme très grave de cancer du cerveau – un glioblastome – en rémission complète**, alors même qu’on lui laissait seulement quelques semaines à vivre. Les preuves s’accumulent depuis quelques années : l’immunothérapie augmente les chances de survie chez les personnes atteintes de formes de cancers agressives, avancées ou métastatiques, pour lesquelles la chimiothérapie n’offre quasiment aucune chance de rémission.
    Le principe de l’immunothérapie est révolutionnaire. Il s’agit de rééduquer ou de réactiver les défenses immunitaires du malade pour qu’elles éliminent elles-mêmes les cellules cancéreuses. Les médicaments actuellement commercialisés ont pour but de contrer les blocages empêchant cette réponse immunitaire.

    Immunothérapie : lever les freins du système immunitaire

    Au cours de notre vie, nous développons probablement plusieurs mini-cancers, sans même nous en apercevoir : notre système immunitaire fait alors correctement son travail et parvient à s’en débarrasser. Mais chez les patients développant une tumeur cancéreuse, le système immunitaire est en quelque sorte aveuglé et ne reconnaît pas les cellules malignes comme étrangères, pour les combattre. La mise en évidence de ces blocages induits par les tumeurs cancéreuses – ou « points de contrôle » – a constitué le point de départ d’une série de découvertes et d’essais cliniques particulièrement prometteurs. En 2010, la découverte de récepteurs capables de lever ces freins du système immunitaire a permis de mettre au point une première génération de médicaments. Avec l’anticorps anti-CTLA-4, l’ipilimumab, la tumeur régresse chez 40 % des patients atteints de mélanomes métastatiques (cancers de la peau inopérables). Cette efficacité se prolonge pour 10 % d’entre eux, avec un recul de dix ans pour les patients impliqués dans les premiers essais cliniques.
    Quatre ans plus tard, d’autres anticorps ont été mis en évidence – les anti-PD-1 et les anti-PD-L1 – donnant naissance à une nouvelle génération de médicaments d'immunothérapie : le pembrolizumab, le nivolumab, l’avelumab, l’atezolizumab, etc. Plus ciblés et moins toxiques que les anti-CTLA-4, ces anticorps lèvent d’autres verrous et se montrent actifs sur plus de vingt cancers : poumon, rein, vessie, ORL, estomac, système lymphatique, etc. Dans les cancers du poumon, par exemple, qui entraînent souvent de mauvais pronostics, l’immunothérapie offre désormais 30 % d’efficacité, avec une réponse prolongée dans 10 % des cas. Lors du dernier congrès mondial d’oncologie à Chicago (l’ASCO 2017), des essais cliniques ont été présentés, prouvant également l’efficacité de l’immunothérapie contre le cancer gynécologique à papillomavirus humain (HPV), avec 20 % de réponse au traitement. Une somme de résultats spectaculaires.

    Avec l'immunothérapie, permis d’espérer

    En immunothérapie, deux stratégies sont possibles :

    • une stratégie in vivo, consistant à libérer l’immunité déjà présente chez le patient en bloquant les récepteurs qui inhibent le système immunitaire ;

    • une stratégie de thérapie cellulaire, qui consiste à modifier en laboratoire l'ADN de cellules immunitaires prélevées sur un patient afin de les doter de récepteurs CAR-T ciblant les cellules cancéreuses. Ces cellules immunitaires génétiquement modifiées sont ensuite réinjectées au patient.

    Reste que, pour l’heure, l’immunothérapie n’est efficace que chez une minorité de patients et qu’il n’existe pas aujourd’hui de critère – c’est-à-dire de « biomarqueur » – permettant de distinguer à l’avance ceux qui y seront sensibles, même si la recherche avance à grands pas en ce domaine.
    Actuellement, les essais cliniques en cours ciblent prioritairement les cancers au stade avancé contre lesquels aucune des méthodes habituelles de traitement n’est utilisable. Des cas difficiles, où le patient est parfois en « impasse thérapeutique ». Mais, à terme, l’immunothérapie pourrait offrir une norme de soins, en association avec les traitements classiques, pour de nombreux cancers à des stades avancés.
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    Ses effets bénéfiques sur le système nerveux et ses postures capables d'abaisser le niveau de certains marqueurs de l'inflammation, font du yoga un excellent "soin de support" en parallèle des traitements. Une étude américaine récente indique même une atténuation des effets secondaires de la radiothérapie chez des patients cancéreux.

    3 Questions à…

    Pr Christophe Le Tourneau - oncologue médical et responsable des essais cliniques précoces à l’Institut Curie

    Quels sont les médicaments actuellement disponibles en immunothérapie ?

    Les médicaments ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France concernent deux indications. La première est celle des mélanomes métastatiques, des tumeurs inopérables et quasiment insensibles à la chimiothérapie. La seconde est celle du cancer du poumon à un stade avancé. Il est aussi probable que des traitements en immunothérapie seront rapidement disponibles contre les cancers ORL et de la vessie.

    Quels sont les effets indésirables des traitements d’immunothérapie ?

    Ils suscitent trois fois moins d’effets indésirables graves que la chimiothérapie. Ces effets indésirables sont toujours les mêmes : des réactions auto-immunes, avec des anticorps s’attaquant aux organes sains. Mais l’antidote est connu : ce sont les corticoïdes.

    Est-il possible que l’immunothérapie remplace un jour les traitements classiques contre le cancer ?

    L’immunothérapie offre des cartouches supplémentaires aux traitements habituels : chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie. Elle ne les remplace pas. À court terme, il est probable que des AMM seront accordées pour des patients en rechute dans différents types de cancers. À plus longue échéance, l’immunothérapie sera sans doute très largement prescrite en association avec les traitements classiques et à des stades plus précoces de la maladie.

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    Source

    * http://bit.ly/2jPRo1F
    ** Source : New England Journal of Medicine – 29 décembre 2016.
    *** http://bit.ly/2kiuJK5

    Immunothérapie : une nouvelle arme anticancer

    5 Min de lecture