Qu’est-ce qu’une diphtérie cutanée ?

La diphtérie est une maladie infectieuse, due à une bactérie du genre corynebactérie (Corynebacterium diphtheriae, Corynebacterium ulcerans ou Corynebacterium pseudotuberculosis). Troubles ORL, difficultés respiratoires, plaies au niveau de la peau, complications cardiaques ou nerveuses… Cette maladie provoque des symptômes variés, plus ou moins graves. Une diphtérie cutanée est une forme peu sévère de la maladie, qui ne touche que la peau.

Des symptômes cutanés

La diphtérie se manifeste principalement par l’apparition de symptômes évoquant une angine. En effet, lorsque le bacille diphtérique pénètre dans l’organisme, il atteint d’abord les voies respiratoires supérieures et se multiplie dans les muqueuses de la gorge. Les premiers symptômes de la diphtérie sont alors ceux d’une angine (fièvre modérée, fatigue et sensation de malaise général, inflammation du cou, maux de gorge et maux de tête, parfois difficultés de déglutition et augmentation du volume des ganglions lymphatiques).

Mais la diphtérie peut aussi provoquer l’apparition de symptômes cutanés. Des éraflures (ou des sortes d’abrasions) et différents types de plaies apparaissent sur la peau des bras et des jambes (au niveau des extrémités). Ces plaies peuvent faire penser aux lésions provoquées par d’autres maladies cutanées chroniques, comme l’eczéma, le psoriasis ou l’impétigo. Elles sont souvent rouges et douloureuses, et peuvent parfois suinter. Les plaies restent parfois ouvertes : elles ont alors du mal à cicatriser et ne guérissent pas. Certaines peuvent être recouvertes d’une membrane grisâtre.

Une forme plus fréquente, mais moins sévère

La diphtérie est une maladie très contagieuse, principalement due à la bactérie Corynebacterium diphtheriae. Elle se transmet par voie aérienne, d’homme à homme. La bactérie est présente dans les gouttes de salive et les sécrétions rhinopharyngées de la personne infectée (qu’elle soit malade ou asymptomatique). Lorsqu’elle parle, tousse ou éternue, des gouttelettes de salive sont éjectées dans l’air : elles peuvent alors contaminer facilement les personnes qui se situent à proximité (en pénétrant par leur nez ou leur bouche). La bactérie peut aussi être transmise via les mains, ou via des surfaces ou des objets souillés (lorsqu’ils sont touchés par une personne saine).

Mais comment attrape-t-on une diphtérie cutanée ? Plus fréquentes mais moins sévères, les diphtéries cutanées se transmettent par contact cutané direct, lorsqu’une personne saine touche une plaie cutanée infectée. Ces formes de diphtérie touchent principalement les adultes, et restent en général sans gravité et sans complication particulière. La plupart du temps, elles se manifestent chez les personnes à l’hygiène corporelle insuffisante (les personnes sans domicile fixe ou qui vivent dans des conditions précaires, par exemple).

Quelles sont les complications de cette maladie ?

Très contagieuse, la diphtérie provoque l’apparition d’une angine ou de symptômes cutanés. Mais elle peut parfois être à l’origine de sévères complications :

- de graves symptômes respiratoires : des fausses membranes (ou pseudomembranes) peuvent se développer dans la gorge, le pharynx et le larynx. Composées de globules blancs morts, de bactéries et d’autres substances, elles sont blanchâtres ou grises. Dures et très adhérentes, elles recouvrent le voile du palais et les amygdales, pouvant aller jusqu’à réduire le diamètre des voies respiratoires. La respiration peut devenir difficile (parfois impossible, pouvant alors provoquer l’asphyxie et le décès du patient) ;

- des atteintes nerveuses : lorsque la bactérie diphtérique porte un gène spécifique (le gène tox), elle sécrète une toxine dangereuse. Si la toxine diphtérique atteint certains nerfs, elle peut engendrer de graves complications. Elle peut par exemple atteindre les nerfs qui contrôlent des muscles du visage et de la gorge, des membres supérieurs ou inférieurs. La diphtérie peut alors être à l’origine de troubles de la déglutition, de troubles de la motricité des membres ou des yeux, d’une paralysie du diaphragme entraînant une insuffisance respiratoire… ;

- des complications cardiaques : la toxine peut aussi atteindre le cœur et provoquer de graves troubles cardiaques (une accélération ou des troubles du rythme cardiaque, une hypotension artérielle, une inflammation du myocarde, une insuffisance cardiaque…) ;

- des atteintes aux reins : une infection sévère peut enfin endommager les reins.

Le risque de décès augmente chez les personnes de plus de 40 ans et chez les enfants de moins de 15 ans.

Diagnostic et traitement

Pour éviter ces complications aux conséquences parfois mortelles (3 % des personnes infectées meurent de la diphtérie), il est important de consulter rapidement son médecin en cas de symptômes. Après avoir confirmé son diagnostic, il peut prescrire le traitement adapté (à une diphtérie respiratoire ou cutanée).

Comment diagnostiquer la diphtérie ?

Il est recommandé de consulter son médecin traitant dès l’apparition des premiers symptômes. Ce dernier procède à un interrogatoire complet et réalise un examen clinique (observation de la peau et / ou de la gorge, selon les symptômes décrits). S’il soupçonne une diphtérie respiratoire, il recherche la présence d’une pseudomembrane.

Si le patient présente des plaies sur la peau pendant une épidémie de diphtérique respiratoire, il peut s’agir d’une diphtérie cutanée. Le médecin prélève un échantillon de cellules au niveau de la plaie, pour les faire analyser (avec une mise en culture en laboratoire).

Si le médecin soupçonne une atteinte du myocarde, il peut enfin demander un électrocardiogramme (ECG).

Quels sont les traitements possibles ?

Le traitement d’une diphtérie cutanée repose sur le nettoyage des plaies à l’eau et au savon. Il doit être effectué de manière méticuleuse, par un médecin. Ce dernier prescrit également un traitement antibiotique à son patient, à prendre pendant 10 jours.

En cas de symptômes de diphtérie respiratoire, la prise en charge doit être rapide : le patient est généralement hospitalisé en unité de soins intensifs. Le traitement repose d’abord sur une sérothérapie (avec l’administration d’un sérum antidiphtérique par injection intramusculaire, pour neutraliser la toxine diphtérique). Il est complété par un traitement antibiotique (amoxicilline, ou macrolides en cas d’allergie aux bêta-lactamines) : administrés pendant 14 jours, ces médicaments permettent d’éliminer la bactérie.

Pour limiter la transmission de la bactérie et éviter la contagion, la personne infectée est isolée (et son environnement est désinfecté). Une fois l’antibiothérapie terminée, il est nécessaire d’avoir recours à deux cultures distinctes pour s’assurer de l’élimination de toutes les bactéries de l’organisme. Le rétablissement du patient est ensuite plus ou moins long (selon la sévérité de l’infection, et la gravité des symptômes).

Le vaccin contre la diphtérie, un outil de prévention obligatoire et efficace

Obligatoire chez tous les nourrissons en France, la vaccination contre la diphtérie permet de se protéger contre les complications de cette maladie potentiellement mortelle.

Pourquoi est-il important de se faire vacciner ?

Jusqu’à la généralisation de la vaccination en France, la diphtérie faisait partie des principales causes de décès chez les enfants. Si elle a aujourd’hui complètement disparu de nombreux pays développés, la maladie sévit encore dans plusieurs régions du monde (Asie, Pacifique Sud, Europe de l’Est, Moyen-Orient…).

D’autre part, en cas d’arrêt de la vaccination, la diphtérie pourrait également réapparaître en France. Pour que la protection reste efficace, la couverture vaccinale doit en effet rester très élevée.

Il est donc indispensable de continuer à se faire vacciner contre la diphtérie, et de vérifier régulièrement la mise à jour de son calendrier vaccinal.

Quel vaccin et quel schéma vaccinal ?

Le vaccin contre la diphtérie contient la toxine diphtérique purifiée et inactivée. Il n’empêche pas la transmission de la maladie, mais permet de se protéger contre les effets de cette toxine. En France, il est obligatoire pour tous les nourrissons et tous les professionnels de santé. Administré par voie intramusculaire ou sous-cutanée, le vaccin contre la diphtérie est combiné avec d’autres vaccins, notamment ceux qui protègent contre la poliomyélite et le tétanos (il peut s’agir d’un vaccin trivalent, tétravalent, pentavalent ou hexavalent).

Le schéma vaccinal prévoit une première dose du vaccin chez le nourrisson de 2 mois, et une deuxième dose lorsqu’il atteint l’âge de 4 mois. Une troisième injection doit avoir lieu aux 11 mois de l’enfant. Plusieurs rappels sont ensuite programmés : un premier rappel à l’âge de 6 ans, et un autre entre 11 et 13 ans. Chez l’adulte, il faut prévoir un rappel du vaccin contre la diphtérie à 25 ans, à 45 ans, puis à 65 ans. Un rappel tous les 10 ans doit ensuite avoir lieu (les vaccins destinés aux adultes contiennent des doses réduites d’anatoxine diphtérique). Après avoir récupéré d’une diphtérie, le patient doit également se faire vacciner. En effet, l’infection ne confère aucune immunité, et il est possible d’être à nouveau contaminé.

Le vaccin contre la diphtérie présente les mêmes effets indésirables que les autres vaccins (une réaction locale avec rougeur et douleur à l’endroit de l’injection, des douleurs musculaires, de la fièvre…). Les réactions allergiques restent très rares.

Sources :

https://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/Diphterie

https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/diphterie

https://www.msdmanuals.com/fr/professional/maladies-infectieuses/bacilles-gram-positifs/diphtérie