L’andropause, ou « déficit androgénique lié à l’âge »
La testostérone est une hormone mâle (androgène), sécrétée par le testicule. Elle est essentielle au bon fonctionnement sexuel (érection et libido) et au développement de certains caractères sexuels secondaires (masse musculaire, pilosité, timbre de la voix…).
À partir de 20 ans, la production de testostérone commence naturellement à diminuer chez l’homme (avec une diminution de production de 1 à 2 % par an). Puis, à partir de 45 ans environ (parfois plus tard), la production de cette hormone diminue de manière plus importante. Indispensable à la stimulation et au contrôle des caractères sexuels chez l’homme, la testostérone n’est plus sécrétée en quantité suffisante : c’est l’andropause.
Syndrome biochimique associé à l’âge, l’andropause est aussi connue sous les termes de DALA (« déficit androgénique lié à l’âge »), de PADAM (« Partial Androgen Deficiency in the Aging Male - déficit androgénique partiel de l’homme âgé ») ou encore de SDT (« syndrome de déficit en testostérone »).
Fréquente (50 % des hommes sont concernés après 70 ans), l’andropause survient de manière progressive et aléatoire. Elle provoque des symptômes variés et variables, plus ou moins faciles à reconnaître. Elle est souvent comparée à la ménopause chez la femme, à tort : elle n’a en effet aucun impact sur la fertilité et sur les capacités de reproduction chez l’homme.
Consultation et diagnostic
L’andropause peut avoir un fort retentissement sur la vie quotidienne de l’homme, avec des symptômes plus ou moins désagréables et difficiles à vivre. Il est donc recommandé de consulter son médecin dès l’apparition des premiers signes d’un déficit androgénique lié à l’âge.
Quand consulter ?
Plusieurs types de symptômes doivent amener à consulter un médecin. L’andropause peut en effet être à l’origine de :
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troubles de la sexualité : elle peut provoquer des problèmes d’érection (diminution des érections nocturnes et matinales, érections moins fiables, plus difficiles à obtenir et moins longues, quantité de sperme libéré moins importante, pénis qui redevient rapidement flasque, nouvelle érection longue à obtenir…). L’andropause peut aussi être responsable d’une baisse de la libido (diminution du désir sexuel), d’orgasmes de moins bonne qualité, et donc, de rapports sexuels moins fréquents ;
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troubles vasomoteurs : l’homme peut souffrir de bouffées de chaleur et d’épisodes de sudation excessive (notamment pendant la nuit). Ces symptômes peuvent à leur tour provoquer des troubles du sommeil et une fatigue plus ou moins intense pendant la journée ;
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troubles neuropsychologiques : le déficit en testostérone peut être à l’origine de pertes de mémoire, de troubles de l’attention et de la concentration, d’asthénie, de perte de motivation, d’une certaine irritabilité, de troubles de l’humeur, voire d’une dépression. Ces symptômes sont parfois difficiles à mettre en relation avec l’andropause.
Comment le diagnostic est-il posé ?
Le médecin généraliste oriente en général son patient vers un andrologue, médecin spécialiste de l'appareil génital de l’homme.
Grâce à une série de questions précises, le médecin analyse et évalue ses symptômes en se basant sur le score ADAM (Androgen Deficiency in Aging Male) : éprouvez-vous une baisse du désir sexuel, une baisse d’énergie, ou une diminution de force et d’endurance ? Vos érections sont-elles moins fortes ? Avez-vous l’impression que votre force et votre endurance ont diminué ? Vous sentez-vous triste et maussade ? Votre rendement professionnel s’est-il réduit ?…
Pour confirmer le diagnostic d'andropause et envisager le traitement adapté, il réalise ensuite un examen physique complet.
Il recherche les autres signes cliniques pouvant être associés au déficit en testostérone lié à l’âge :
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une diminution de la masse musculaire et de la force (ou « sarcopénie »), une diminution des performances physiques (avec plus tard des difficultés à la marche et à l’équilibre) ;
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une diminution de la densité osseuse, une fragilité des os, de l’ostéoporose ;
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une augmentation du tour de taille (obésité abdominale), une prise de poids gynoïde (graisse localisée autour des fesses, des cuisses et des hanches) ;
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une gynécomastie (développement des glandes mammaires) ;
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une diminution de la pilosité (sur le corps et le visage), un changement d’aspect de la peau (plus fragile, plus fine et plus claire) ;
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une atrophie testiculaire (diminution de la taille d’un testicule) ;
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un syndrome métabolique (obésité abdominale, hypertension artérielle et concentration très élevée de lipides dans le sang).
Une fois ces examens réalisés, le médecin a recours à une prise de sang pour confirmer le diagnostic d’andropause. Il demande un bilan sanguin avec dosage du taux de testostérone totale et du taux de testostérone bio-disponible ou libre, de la TSH (hormone thyroïdienne) et de la PSA (antigène spécifique de la prostate).
Quels traitements en cas d’andropause ?
Le traitement de l’andropause vise à diminuer ou à faire disparaître ses symptômes. Or, prendre uniquement des médicaments contre les troubles de l’érection ne suffit pas à traiter toutes les manifestations de l’andropause. Pour cela, le médecin peut avoir recours à un traitement substitutif hormonal (traitement médicamenteux de l'andropause). Enfin, adopter simplement de nouvelles mesures hygiéno-diététiques peut parfois aider le patient à diminuer certains symptômes difficiles à vivre au quotidien.
Le traitement substitutif hormonal
Recommandé chez les hommes qui présentent des symptômes gênants liés à un déficit en testostérone, et de faibles taux sanguins de testostérone, le traitement hormonal de l'andropause présente un certain nombre de contre-indications. Avant de le mettre en place, le médecin doit donc réaliser un bilan pré-thérapeutique, et ensuite programmer plusieurs examens de contrôle.
Le bilan pré-thérapeutique
Le médecin doit d’abord rechercher d’éventuels facteurs qui pourraient expliquer le déficit androgénique. Obésité, alcoolisme chronique, sédentarité, maladie chronique (cancer, VIH, lupus ou insuffisance d’organe), atrophie testiculaire ou prise de certains médicaments… Plusieurs éléments peuvent en effet être à l’origine d’une baisse de production de testostérone chez l’homme. Les détecter et les prendre en charge permet parfois de retrouver un taux normal de testostérone dans le sang (et donc de faire disparaître les symptômes associés).
Les symptômes peuvent aussi être le signe d’un simple vieillissement physiologique ou être dus à une hypothyroïdie, à une tumeur ou à une maladie chronique. Le médecin doit donc écarter ces pathologies avant de mettre en place le traitement par supplémentation de testostérone.
Il doit enfin vérifier l’absence de contre-indications au traitement hormonal. Pour s’assurer de l’absence de cancer de la prostate, il réalise un examen de la prostate (avec toucher rectal), et un dosage du PSA. La testostérone peut en effet faire grossir la prostate et aggraver un cancer. Le médecin vérifie également l’absence de cancer du sein et l’absence d’anomalies dans la production des globules rouges (avec un dosage de l’hématocrite). Des antécédents de délinquance sexuelle sont aussi une contre-indication absolue au traitement hormonal substitutif par testostérone.
La mise en place du traitement
Le traitement de l’andropause repose sur une supplémentation hormonale. La testostérone naturelle peut être administrée sous différentes formes :
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par voie transdermique, avec l’application d’un patch de gel hydroalcoolique de testostérone : facile à utiliser, ce dispositif permet d’obtenir des concentrations stables de testostérone. Il n’est néanmoins pas remboursé par la Sécurité sociale ;
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par voie orale, avec la prise quotidienne de comprimés : prises pendant les repas, ces capsules sont remboursées. Mais elles ne permettent pas toujours d’obtenir des concentrations stables de testostérone. D’autre part, leur absorption dépend de la teneur en lipides du repas ;
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par injections sous-cutanées ou intramusculaires : réalisées une à deux fois par mois, elles sont responsables d’une fluctuation des taux de testostérone.
La surveillance pendant le traitement
La surveillance du traitement de l’andropause est indispensable. Elle implique des examens réguliers pendant la première année (au bout de 3, 6 et 12 mois de traitement), puis un rendez-vous annuel chez son médecin. Elle permet de vérifier l’efficacité du traitement (avec amélioration des symptômes), et de s’assurer qu’il n’est à l’origine d’aucun effet secondaire (ronflements, troubles de l’humeur, acné, augmentation du volume des seins, surproduction de globules rouges et formation de caillots de sang…).
Le médecin a recours à différents examens (notamment un examen de la prostate et des seins), et à des bilans sanguins (avec dosage de la testostérone et du PSA). Il surveille également le poids de son patient.
Existe-t-il des traitements naturels ?
S’il n’existe aucun autre traitement validé scientifiquement, les symptômes de l’andropause peuvent parfois être diminués ou améliorés à l’aide de gestes simples. Que son patient suive ou non un traitement hormonal substitutif, le médecin lui rappelle toujours l’importance d’adopter une bonne hygiène de vie en général.
Pour cela, il suffit de suivre quelques règles simples :
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adopter une alimentation saine et équilibrée : pour rester en bonne santé, il est recommandé de consommer des fruits, des légumes et des fibres alimentaires, de limiter les aliments gras, salés et sucrés et de privilégier les bonnes graisses. Bien manger offre en effet de nombreux bénéfices : cela permet notamment d’améliorer ses capacités physiques, sa concentration, son moral et son sommeil, mais aussi de conserver un poids de forme et d’éviter l’accumulation de graisse abdominale ;
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pratiquer une activité physique de manière régulière : faire du sport ou pratiquer régulièrement une activité physique permet de préserver la tonicité de ses muscles et de ses os. Cela aide ainsi à lutter contre l’ostéoporose et la fonte musculaire liées à l’andropause ;
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diminuer sa consommation d’alcool et de tabac (voire arrêter complètement), limiter le stress.
Si certaines plantes pourraient favoriser la production de testostérone, rien n’a encore été prouvé scientifiquement à ce stade.
Sources :